Sabrina nous propose généreusement de débuter nos vacances en poésie : "La lecture de quelques vers du peintre-poète chinois Laoshu ("Vieil Arbre", de son vrai nom Liu Shuyong) m'a fait revenir en tête des souvenirs de voyage en Chine, au Yunnan, dans les jardins de théiers anciens, centenaires, sur le plateau de Jingmai dans le Xishuangbanna, berceau des thés Pu 'er."
Théiers dans les champs,
Luxuriance des jeunes feuilles.
Vient le temps où les fleurs tombent
Quand arrivent brumes et bruines.
Théiers dans les champs,
On cueille en chuchotant.
Le chant des oiseaux
Résonnent au fond de la vallée,
Tout est poème.
Feuilles de thé sur la branche, jeunes et délicates.
Jusqu'où seront-elles mes confidentes ?
Feuilles de thé sur la branche, fruits de la Nature.
J'en dispose librement, et pourtant l'émotion m'étreint.
Thé dans le chaudron,
Un procédé qui traverse les âges.
Saisi à deux mains,
On le tient au plus près de soi.
Thé dans le chaudron,
Le feu prend sous les brindilles.
Quelques feuilles tendres
Venues d'un paysage sans limites.
Thé dans l'atelier,
On le roule, on l'aère.
Encore et encore,
On le flétrit, on le sèche.
Thé dans l'atelier,
Il devient ce que l'homme désire.
Aussitôt infusé, il est pur et sobre,
Son arôme vient avec le temps.
Tasse de thé à la main,
Assis face à un ami que l'on chérit.
Partout, autour de nous, des lotus brisés,
Un seul arbre, un saule desséché.
Le thé se refroidit doucement,
Le crépuscule est infini.
Une journée s'évanouit,
Demain, à nouveau, l'agitation...